QUAND LE FINANCIAL TIMES PERD SES NERFS, par François Leclerc

Billet invité.

Quand la City n’est pas contente, elle le fait savoir. Les éditoriaux du Financial Times sont un de ses relais. Celui de ce matin tire à boulets rouges sur la contribution du FMI qui a dernièrement fait jaser, employant un ton qui n’est pas celui auquel les financiers nous ont accoutumé, tout du moins lorsqu’ils s’expriment publiquement.

Les trois membres du département des études du FMI qui en sont les rédacteurs ont donc touché un point fort sensible. En osant se référer à la « critique fourre-tout » du néolibéralisme – un terme dont l’usage reste visiblement en travers de la gorge – ils conduisent l’éditorialiste à se déchaîner. Il leur oppose « les compétences de l’argumentation empirique » qui leur font défaut, tout en poursuivant : « la plus grande insulte à notre intelligence est cependant prononcée quand d’augustes institutions internationales accrochent leur wagon à ses critiques tapageuses ».  Si le FMI s’y met, où va-t-on en effet ?

« Rhétorique puérile », « coup publicitaire »… les formulations polémiques ne manquent pas. Une fois celles-ci écartées, la thèse de l’éditorial se résume à prétendre que l’article incriminé n’apporte rien de nouveau et se contente « d’apposer une autre étiquette sur les politiques existantes » du FMI. Alors que « la question globale de loin la plus importante, est le déclin persistant de la croissance de la productivité qui menace de saper le progrès pour tous ». Amabilité pour amabilité, tout cela porte un nom : noyer le poisson.

Dans cette même veine, l’éditorialiste du journal dérive vite sur le terrain politique en utilisant une argumentation très datée : « …l’attaque contre le néolibéralisme est beaucoup plus dangereuse que cela. Elle se porte au secours des régimes oppressifs du monde entier et de leur croisade contre le néolibéralisme, qui soumettent leurs populations à une politique économique inefficace et créent une inégalité extrême en utilisant la pleine puissance de l’État. »

On a rarement consommé un plat aussi mal cuisiné dans les colonnes du quotidien couleur saumon.